Dans le cadre des activités du Centre Jean Monnet et de la chaire « Narratifs européens de la frontière » de droit Jean Monnet, la première édition 2023 des Castle Talks s’est tenue les 1 et 2 mars 2023.
Répartie entre la Hochschule de Kehl et le Château de Pourtalès, elle a rassemblé une soixante-dizaine de chercheurs, étudiants et entrepreneurs. Les conférences ont été nombreuses et les échanges variés : sanitaire transfrontalier, euroscepticisme, cartopologie ou encore programmes de la NASA et régionalisme catalan.
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Le Consulat Général des États-Unis à Strasbourg est un des partenaires du Centre d’excellence Jean Monnet de Strasbourg et a participé à l’organisation des Castle Talks. Le deuxième jour de l’évènement a donc été clôturé par une intervention de la Consule Générale et une conférence de la NASA.
«C’est toujours un plaisir de se rendre aux Castle Talks»
Darragh Paradiso
La Consule Générale états-unienne Darragh Paradiso a tenu à rappeler son attachement aux Castle talks et à saluer les professeurs et étudiants réunis pour la conférence : «C’est toujours un plaisir de se rendre aux Caslte Talks […] je suis honorée de vous voir ici ». Annonçant la conférence, elle a déploré que trop souvent, les sujets de long terme sont négligés ; notamment la faim dans le monde et l’agriculture de demain. Par conséquent, le travail de la NASA dans ces domaines est particulièrement important.
Prenant la suite de la Consule Générale, la Docteure Inbal Becker-Reshef de la NASA a détaillé les actions de la NASA pour réduire l’insécurité alimentaire de par le monde. La conférence ainsi que les échanges qui ont suivi avec le public étaient modérés par Birte Wassenberg et Joachim Beck.
L’insécurité alimentaire reste un des défis les plus importants du XXI° siècle, renforcée par la pandémie de covid. Alors qu’elle concernait 135 millions de personnes en 2019, elle s’est étendue à 349 millions de personnes dans 79 pays en 2022. Plusieurs facteurs sont à l’oeuvre :
- le réchauffement climatique et les vagues de chaleur estivales diminuent les rendements agricoles,
- la pandémie a déréglé les systèmes de distribution de nourriture
- la guerre entre l’Ukraine et la Russie, comptant parmi les plus gros producteurs de nourriture mondiaux, a perturbé les marchés mondiaux
Sachant que l’objectif de développement durable 2 de l’ONU et la fin de la faim dans le monde, la NASA a développé un programme de surveillance satellitaire de l’agriculture mondiale : le programme de sécurité alimentaire et d’agriculture.
A partir des données récoltées, la NASA peut surveiller l’état de la productivité et de la production agricole, la déforestation ou encore des inondations. Les données récoltées ont ainsi permis de mieux mesurer l’ampleur des sécheresses en Afrique du Nord et de l’Est (été 2022) ainsi que des inondations au Pakistan (août 2022).
Par ailleurs, ces données sont rendues publiques et accessibles à tous sur différents sites internet :
- NASA harvest, qui permet de voir le développement de l’utilisation des terres agricoles, la productivité agricole ou encore la durabilité agricole : https://www.nasaharvest.org/
- Crop monitor, qui permet de constater chaque semaine les conditions de production des principales semences partout dans le monde : https://cropmonitor.org/
Ainsi, les gouvernements, les entreprises et les curieux peuvent consulter librement ces données. C’est notamment le cas de l’Ouganda, qui a renforcé ses politiques agricoles en utilisant les données satellitaires pour s’adapter aux conditions climatiques variantes. Ces nouvelles données facilitent la planification étatique agricole, une meilleure adaptation aux variations climatiques ainsi que de meilleures prévisions pour le rendement des produits financiers agricoles.
Les satellites sont constamment améliorés et ils permettent de surveiller des zones sans cesse plus étendues et de manière sans cesse plus précise. Par exemple, la NASA a publié des cartes montrant l’évolution des surfaces agricoles entre 2000 et 2019 et peut désormais reconnaître une grande variété de plantations (champs de blé, rizières, champs de colza, etc).
Le programme est actuellement particulièrement utile pour surveiller la situation ukrainienne car cette région concentre les importations agricoles de bien des pays ; le Liban et la Moldavie important par exemple 80% de leur blé d’Ukraine. La guerre a fait redouter une crise alimentaire sévère et c’est pourquoi la NASA a investigué sur le sujet avec l’Institut pour l’Étude de la Guerre.
A partir des données satellitaires, la NASA a pu conclure que la Russie contrôle 22% des champs ukraniens, ce qui coûte à l’Ukraine près d’un milliard de dollars. Toutefois, la majorité des exploitations agricoles ont été replantées en zone occupée (90%) et en zone libre (+90%). Ainsi, c’est essentiellement la zone de front qui n’a pas pu être replantée, pénalisant notamment la production de tournesols (l’Ukraine produit 40% des tournesols dans le monde). De plus, la NASA a pu noter que les champs ont été moissonnés à 88% en zone occupée et à 96% en zone libre.
Après une discussion autour de la présentation avec le public, la journée s’est finie par un moment de convivialité.