Le Centre d’excellence a organisé pour la troisième année consécutive une université d’été du 6 au 8 juin 2024. Une vingtaine d’étudiants provenant de quatre universités (l’Université de Freiburg im Breisgau, l’Université de Bâle, la Hochschule de Kehl et l’Université de Strasbourg) se sont retrouvés à Wiesneck afin de discuter de “l’avenir de l’Europe”. Au programme: des conférences données par différents professeurs, des présentations faites par les groupes de travail d’étudiants et des tables rondes mais aussi la projection d’un documentaire et une randonnée. L’occasion d’échanger de manière formelle et informelle sur le thème de ces trois jours.
Les mots de bienvenue de Prof. Gisela Riescher et Prof Birte Wassenberg
L’université d’été s’est ouverte sur les mots de bienvenue de Gisela Riescher professeure en Sciences Politiques l’Université de Freiburg-en-Brisgau qui a notamment rappelé le thème de cet évènement: “l’Avenir de l’Europe” ainsi que le fait que cette édition de la Summer School était la troisième organisée à la Wiesneck. Birte Wassenberg, professeure en histoire contemporaine à Sciences Po Strasbourg a ensuite a ensuite rappelé que la Summer School s’insère dans le cadre des activités du Centre d’excellence franco-allemand Jean Monnet de Strasbourg, dont elle est la directrice.
Les droits fondamentaux de l’Union européenne- Matthis Jestaedt
La première conférence a ensuite été donnée par Matthias Jestaedt, professeur de droit public et de théorie du droit à l’Université de Freiburg-en-Brisgau. Matthias Jestaedt a en effet présenté comment trois institutions interviennent par rapport aux droits fondamentaux: la Cour européenne de justice de l’UE, la Cour européenne des droits de l’homme et la Cour fédérale allemande. Il est ensuite revenu sur leurs compétences respectives afin de mettre en lumière leur complémentarité.
L’Europe avant les élections européennes- Prof. Birte Wassenberg et Prof. Ulrich Eith
Birte Wassenberg et Ulrich Eith, professeur en Sciences Politiques l’Université de Freiburg-en-Brisgau, sont ensuite intervenus sur le thème de « L’Europe avant les élections européennes ». La montée du populisme en Europe a été l’une des principales thématiques évoquées lors de ces deux interventions. Birte Wassenberg a notamment abordé le lien entre populisme et euroscepticisme en revenant sur les concepts de l’opposition à l’Europe. Différents cas d’études ont ensuite été cités lors des deux interventions : la Pologne avant le retour au pouvoir du parti de Donald Tusk, le Royaume-Uni avant et après la campagne du Brexit, l’Allemagne avec la montée du parti Alternative für Deutschland (AfD) et la France au regard de la montée du Rassemblement national (RN). Ulirch Eith a en outre commenté des statistiques prévisionnelles sur le résultat des élections européennes et une possible montée en puissance des partis politiques populistes au Parlement européen.
Vendredi 7 juin
Présentation des résultats des groupes de travail étudiants
Une grande partie de la deuxième journée de la Summer School était consacrée à la présentation du travail réalisé par des groupes d’étudiants. Au total, les étudiants ont été divisés en quatre groupes, chacun en lien avec une thématique liée à l’Avenir de l’Europe.
Groupe 1 : Les mouvements anti-européens
Le premier groupe de travail d’étudiants, encadré par Angela Geck, a rapporté sur le phénomène de montée du populisme en Europe. Après avoir défini la notion centrale, ce groupe s’est concentré sur un mouvement populiste d’extrême-droite: le Rassemblement National (RN). Le groupe est notamment revenu sur l’histoire du parti ainsi que sur ses stratégies pour attirer des électeurs.
Groupe 2 : Réformer et élargir l’UE au XXIème siècle ?
Le deuxième groupe de travail d’étudiants, encadré par Christine Aquatias (Sciences Po Strasbourg), a présenté son travail sur l’élargissement de l’Union européenne (UE). Le groupe a choisi de se pencher uniquement sur le cas de la Géorgie. La situation actuelle de ce pays, candidat officiel à l’adhésion de l’UE depuis décembre 2023 a donc été analysée au regard d’une perspective plus ou moins rapprochée d’élargissement.
Groupe 3 : Les régions et les communes : fournisseurs de légitimité pour l’UE ?
Le troisième groupe de travail d’étudiants, encadré par Konstantin Kümmerle (Université de Kehl), a ensuite examiné le rôle des régions et communes dans l’UE. Le groupe a notamment présenté la place des communes et des régions dans le processus décisionnel communautaire, les partenariats qui existent entre l’UE et les régions ainsi que le dispositif des fonds européens pour soutenir les projets des régions. Les étudiants ont souligné que ces projets visent notamment à développer la confiance des citoyens envers les régions et l’UE.
Groupe 4 : L’avenir technologique dans l’UE : réflexions éthiques et de théorie politique sur l’intelligence artificielle et la loi européenne sur l’IA (AI-Act)
Le dernier groupe de travail d’étudiants encadré par Martin Baesler(Université de Freiburg) a clôturé la matinée en présentant son travail sur les implications sociales et politiques de l’AI-Act, adopté en 2024. Le groupe a présenté les points positifs et négatifs de cette loi afin de donner un tour d’horizons du chemin parcouru et de celui qui reste à parcourir concernant la législation de l’intelligence artificielle en Europe. Le groupe a fini sa présentation en ouvrant la discussion sur des questions philosophiques sur le rapport entre l’homme et l’IA.
Après cette présentation, des échanges ont eu lieu sur le sujet
Une table ronde sur la souveraineté de l’Europe
L’après-midi du 7 juin, les participants ont profité d’une table-ronde sur la souveraineté européenne. Noriko Suzuki, professeure en sociologie à l’Université Wasada au Japon, a évoqué la notion de citoyenneté européenne à l’exemple des conséquences du Brexit pour les citoyens anglais résidant en France. Selon elle, le cas du Brexit montre comment la souveraineté européenne et la souveraineté nationale se trouvent en tension, voire en opposition. De son côté, Martine Camiade, professeure émérite en histoire contemporaine à l’Université Perpignan, a insisté sur la réaffirmation de la souveraineté française par une volonté de frontiérisation (Bordering). Elle a expliqué la situation à la frontière franco-espagnole, où différents cols de montagne sont régulièrement fermés par la préfecture depuis la pandémie de COVID-19. Mais elle a aussi montré la résilience des citoyens qui réclament sans cesse la réouverture de ces cols. Enfin, Gerlinde Groitl, professeure en Sciences Politiques à l’Université de Freiburg-en-Brisgau, a présenté la notion de souveraineté européenne d’un point de vue de la capacité de l’UE de s’affirmer en tant qu’acteur indépendant sur la scène mondiale et de développer une autonomie stratégique, voire une défense commune. Sa présentation a notamment mis l’accent sur la nécessité d’un maintien du partenariat atlantique et de la coopération avec les Etats-Unis.
La Summer School avait aussi ses moments de convivialité…
Randonnée
Les étudiants ainsi que les enseignants ont pu profiter d’une randonnée sous le soleil dans les environs de Wiesneck. Ils ont notamment visité les ruines d’un ancien château ainsi que d’une tour. Un beau moment de découvertes mais aussi d’échanges.
Film
Tous les participants se sont retrouvés pour visionner ensemble le documentaire d’Arte intitulé « Le Compromis-Dans les coulisses du pouvoir ». Celui-ci retrace les parcours de trois femmes engagées en politique ayant pour objectif de faire adopter une loi sur “la responsabilité sociale et environnementale des entreprises”. Une plongée dans les débats entre groupes parlementaires, qui défendent chacun leurs intérêts.
Samedi 8 juin
Les relations franco-allemandes
Les participants ont commencé leur journée par la participation à un « World Café » organisé par Annegret Eppler, professeure en Sciences Politiques, et sa collaboratrice Chiara Pricken de l’Université de Kehl. Ce moment d’échange portait sur le thème des relations franco-allemandes. Quatre thématiques avaient été auparavant définies et chaque groupe a pu en débattre : : Le couple franco-allemand comme moteur dans la construction européenne, la France et l’Allemagne comme acteurs dans le monde, les institutions de la coopération transfrontalière du Rhin supérieur et la vie quotidienne des citoyens dans la région transfrontalière. Au programme des discussions : les aspects culturels comme les stéréotypes, les institutions franco-allemandes, la définition du couple franco-allemand, l’avenir de celui-ci, et bien d’autres.
Conclusion
Sylvain Schirmann a livré ses conclusions sur l’Avenir de l’Europe en soulignant notamment le fait que l’importance de l’identité nationale est souvent perçue comme supérieure à celle de l’identité européenne.
Justine Héduit