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Idées reçues sur l’Union européenne

Le séminaire du 17 octobre 2024 a rassemblé plusieurs experts pour explorer des questions liées à la mondialisation et à l’Union européenne, abordant des problématiques économiques, politiques et sociales dans un cadre historique et contemporain. Voici un résumé détaillé des interventions et des débats.

Introduction

Martial Libera (Professeur d’histoire contemporaine – Université de Strasbourg)

Martial Libera a ouvert le séminaire en remerciant les participants et en présentant les intervenants. Il a souligné l’importance de la participation étudiante, mettant en avant l’intérêt croissant pour les sujets liés à l’Union européenne et à la mondialisation.

Interventions des Experts

Éric Bussière (Professeur émérite d’histoire contemporaine – Université Paris IV – Sorbonne)

Éric Bussière a débuté son intervention en abordant les thèmes de la mondialisation et de la globalisation. Il a mentionné la récente tentative de rachat du doliprane par des firmes américaines, ce qui a suscité des réactions parmi les acteurs économiques et politiques. Il a fait une distinction entre le coût du doliprane en France et en Belgique, notant que bien qu’il soit moins cher en France, la perception des consommateurs peut varier.

Il a ensuite introduit le concept de régionalisme économique, évoquant la création de structures d’adaptation, comme le SAS (Société d’Adaptation Stratégique), pour s’implanter sur un véritable marché. Éric Bussière a également évoqué la grande relance européenne des années 1980, et a invité les participants à lire le rapport Draghi, qui explore les liens entre intérêts industriels et politiques de marché en Europe. Il a souligné la lenteur de la prise de décision au sein de l’UE, ce qui pose problème dans un monde qui exige réactivité et rapidité.

Guido Thiemeyer (Professeur d’histoire contemporaine – Université de Düsseldorf)

Guido Thiemeyer a structuré son intervention autour de quatre parties, tout en concluant avec des réflexions sur l’avenir de l’Europe. Il a fait un historique en remontant à Napoléon III et en citant Valéry Giscard d’Estaing, qui avait exprimé des préoccupations sur la domination économique de l’Allemagne en Europe. Guido Thiemeyer a également mentionné les années 1980 comme une période clé pour l’établissement d’une identité européenne et d’une organisation monétaire, reliant cela à la création du marché commun.

En plaçant l’Europe dans une perspective historique et culturelle, il a souligné l’importance d’une volonté collective, tout en reconnaissant les tensions internes et les défis structurels auxquels l’Union fait face.

Daniele Pasquinucci (Professeur d’histoire contemporaine – Université de Sienne)

Daniele Pasquinucci a abordé la critique contemporaine de l’Union européenne, soulignant qu’elle n’est pas un phénomène nouveau, mais qu’elle a pris une ampleur significative ces dernières années. Il a appelé à une analyse nuancée des critiques à l’égard de l’UE, notant qu’un certain consensus existe sur la nécessité de l’Union malgré les oppositions.

Il a également discuté de la montée de l’euroscepticisme, qui est souvent alimenté par des perceptions d’hégémonie allemande. Daniele Pasquinucci a fait valoir qu’il est difficile de dissocier l’anti-européanisme des discours politiques, et que la recherche historique a longtemps été centrée sur les mouvements pro-européens, négligeant les critiques.

Débats de la Matinée

La matinée a été marquée par des échanges vivants entre les intervenants et les étudiants. Les discussions ont abordé plusieurs sujets clés :

    • Rôle des groupes économiques : L’accent a été mis sur le fait que ce sont souvent des groupes économiques qui influencent la production et les décisions au niveau mondial, plutôt que les États eux-mêmes.

    • Position de l’Europe en Afrique : Les participants ont discuté de la guerre économique en cours entre les Européens et les Chinois en Afrique, soulignant que ce continent est souvent perçu comme étant « perdu » dans ce contexte concurrentiel.

    • Euroscepticisme : Daniele Pasquinucci a noté que l’euroscepticisme avait diminué, avec une affirmation croissante des institutions européennes sur la scène politique, mais il a également mis en garde contre la nécessité d’aborder les critiques de manière plus intégrative.

Interventions de l’Après-Midi

Birte Wassenberg a introduit la session de l’après-midi, préparant le terrain pour des discussions sur les dynamiques territoriales et transfrontalières en Europe.

Martine Camiade ( Professeure émérite d’histoire contemporaine et d’études catalanes – Université de Perpignan)

Martine Camiade a présenté les enjeux des espaces transfrontaliers, notamment à travers le prisme du livre blanc de la MOT (Mission opérationnelle transfrontalière) sorti en 2023. Elle a discuté de l’identité européenne et de la montée des sentiments d’autonomie, en particulier chez les Catalans, tout en notant les défis de la gouvernance depuis la pandémie de COVID-19. Elle a souligné une résurgence du scepticisme face à l’Union européenne et les difficultés de coopération transfrontalière.

Catherine Wihtol de Wenden (Directrice de recherche émérite au CNRS et docteur d’État en science politique – Sciences Po Paris)

Catherine Wihtol de Wenden a abordé la question des migrations, affirmant que la plupart des mouvements en Europe sont légaux et bien organisés, avec 33 % des migrations provenant d’autres pays européens. Elle a discuté de la citoyenneté européenne comme fondement de la liberté de circulation. Cependant, elle a aussi mis en lumière les failles dans la gestion des frontières, notamment à travers les accords de Dublin, qui complexifient le droit d’asile. Elle a utilisé Mayotte comme exemple d’une gestion des frontières problématique, soulignant l’illusion de pouvoir contrôler complètement les flux migratoires dans un contexte mondialisé.

Sylvain Schirmann (Professeur émérite d’histoire contemporaine – Sciences Po Strasbourg)

Sylvain Schirmann a traité du lien entre l’Europe et la paix, évoquant la défaite du IIIe Reich comme un moment clé pour établir une paix durable en Europe. Il a noté que, malgré les discours sur la paix, de nombreux pays européens étaient engagés dans des conflits à l’étranger pendant la guerre froide. Il a également évoqué les menaces extérieures qui pèsent sur la défense européenne, notamment en raison des conflits persistants en dehors de l’UE.

Conclusion

Martial Libera a clôturé le séminaire en remerciant les intervenants pour leurs contributions. Il a souligné que les idées reçues sur l’Union européenne, souvent façonnées par des perceptions politiques, nécessitent une analyse approfondie dans un cadre historique. Il a insisté sur le fait que la collaboration transfrontalière ne constitue pas le modèle dominant pour l’action européenne, et que les défis doivent être abordés avec une compréhension claire des contextes historiques et sociaux.

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