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European citizenship and the (re)appearance of borders

Les Défis et Perspectives de la Citoyenneté Européenne : Retours sur les Séminaires des 23 et 24 janvier 2025

Les séminaires des 23 et 24 janvier 2025 ont été l’occasion d’examiner les enjeux contemporains de la citoyenneté européenne à travers des discussions profondes et variées. L’événement a réuni des experts venus de divers horizons pour partager leurs perspectives sur les défis actuels de la mobilité, de l’identité européenne, et de la gouvernance transnationale. Chaque jour a permis d’aborder des aspects spécifiques de la citoyenneté européenne, tout en mettant en lumière des problématiques juridiques, économiques et sociales.


Séminaire du 23 janvier 2025 : Mobilité, Citoyenneté et Enjeux Transfrontaliers

Le premier jour du séminaire a été marqué par des discussions sur l’évolution de la citoyenneté européenne, les relations transfrontalières, et les défis politiques du Brexit. Voici un aperçu des principales interventions :

De gauche à droite Anthony Soares (Directeur du centre des études transfrontalières de l’Université de Queen), Birte Wassenberg (Directrice du centre d’excellence franco-allemand Jean Monnet), Noriko Suzuki (Docteur en sociologie de l’université de Waseda), Hiroyuki Uchida (Consul Général du Japon à Strasbourg), Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu (Doyenne de la faculté de droit de Strasbourg)

Introduction du Consul Général du Japon

Le consul général Hiroyuki Uchida a ouvert le séminaire en évoquant les liens historiques entre le Japon et l’Union européenne. Il a souligné l’importance des échanges culturels et économiques, tout en mettant en lumière les enjeux d’immigration et les impacts du Brexit. Son discours a rappelé que les deux régions partagent des valeurs communes et a exprimé l’espoir que ces échanges permettent d’approfondir la compréhension mutuelle.

Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu : Intervention de la Doyenne de la Faculté de Droit

La doyenne a mis l’accent sur l’évolution de l’Union européenne comme espace de fluidification des échanges. Elle a évoqué l’intérêt croissant du Japon pour l’UE, au-delà des questions académiques, et a souligné l’importance des accords entre les deux régions pour encourager des échanges fructueux et durables.

Noriko Suzuki : L’Impact du Brexit sur les Anglais Résidant en France

Noriko Suzuki, sociologue, a présenté une étude menée entre août 2023 et décembre 2024, qui a interrogé des Britanniques vivant en France après le Brexit. Elle a mis en lumière la déception ressentie par ceux qui se sentaient auparavant européens, mais qui ont perdu leurs droits, notamment la liberté de circulation au sein de l’espace Schengen. Elle a également abordé les difficultés administratives que rencontrent les citoyens britanniques pour obtenir la citoyenneté européenne.

Ryoko Tamai (Professeur à l’université de Préfectorale de Kyoto)

Ryoko Tamai : La Mobilité Transfrontalière des Fonctionnaires

Ryoko Tamai a exploré la question de la mobilité des fonctionnaires européens, en prenant l’exemple des ministères des Affaires étrangères. Elle a souligné l’importance de la solidarité européenne dans ces échanges, mais a noté que la mobilité des agents gouvernementaux reste difficile à quantifier, faute de données officielles.

Anthony Soares (Directeur du centre des études transfrontalières de l’Université de Queen)

Anthony Soares : Les Conséquences du Brexit sur la Mobilité et les Droits Sociaux

Anthony Soares a analysé les conséquences du Brexit sur la circulation des personnes et la sécurité sociale, notamment en ce qui concerne les résidents britanniques en Europe. Il a expliqué comment le Brexit a mis fin à la possibilité pour les citoyens britanniques de « manger à la même table » que leurs voisins européens, en citant des exemples pratiques comme les droits de circulation et de sécurité sociale.

Panagiotis Grigoriou (Professeur de droit à l’Université de Aegen)

Panagiotis Grigoriou : La Citoyenneté Européenne et la Solidarité

Panagiotis Grigoriou a évoqué les défis juridiques liés à la citoyenneté européenne. Il a souligné qu’il est urgent de renforcer le patriotisme européen et la solidarité entre citoyens de l’UE. Il a critiqué la Charte des droits fondamentaux, qui selon lui, ne permet pas encore une véritable participation citoyenne.

Foteini Asderaki (Professeure à l’Université de Piraeus)

Foteini Asderaki : La Citoyenneté Européenne et la Diversité des États Membres

Foteini Asderaki a expliqué que la citoyenneté européenne, née du traité de Maastricht, est compliquée par la diversité des politiques nationales. Elle a mis en avant l’importance de renforcer la mobilité et l’échange au sein de l’UE, en citant des exemples comme le programme Erasmus, qui favorise la coopération et la recherche scientifique à l’échelle européenne.

De gauche à droite : Julia Dittel et Florian Weber (Professeurs à l’Université des Saarlands)

Floran Weber et Julia Dittel : Gouvernance Multi-niveaux et Relations Transfrontalières

Floran Weber et Julia Dittel ont clôturé la journée avec une discussion sur la gouvernance multi-niveaux et les relations transfrontalières en Europe. Ils ont expliqué que 40 % du territoire de l’UE est constitué de régions frontalières et ont souligné que la proximité géographique joue un rôle clé dans le sentiment de connexion entre les peuples européens. Cependant, des obstacles tels que la surcharge de travail des administrations locales et les barrières linguistiques rendent difficile la mise en place de projets transfrontaliers.

Weber a également évoqué le « retour des frontières mentales » en 2020, lié à la montée des nationalismes et à la réintroduction de contrôles aux frontières nationales. Julia Dittel a insisté sur le besoin de renforcer les compétences des municipalités et d’encourager des projets plus pragmatiques pour favoriser l’intégration des régions transfrontalières.

De gauche à droite : Guillermo Martin de l’Association des régions frontières européennes, Annabell Schlösser de l’Eurodistrict Pamina, Michael Grosser (Infobest 4.0), Joachim Beck (directeur de l’Université de Kehl), Anne Thévenet (directrice adjointe de l’Euro-Institut), Alexiane Javelot (Kalesidoscoop)

Round Table

La discussion s’est poursuivie lors de la table ronde, modérée par Joachim Beck, qui a soulevé des questions sur les accomplissements de l’UE et les motivations derrière la création d’institutions comme l’Eurodistrict Pamina en 1989. Michael Grosser a partagé son expérience des divergences législatives entre les régions frontalières, et a souligné la nécessité d’une meilleure coopération transfrontalière.

Guillermo Martin a rappelé les efforts des années 80 pour promouvoir une interconnexion accrue entre les institutions transfrontalières et a évoqué les possibilités offertes par une Union européenne plus réactive. Michael Grosser a aussi suggéré l’éducation comme un levier essentiel pour sensibiliser aux défis transfrontaliers.

Joachim Beck a interrogé l’audience sur la notion de citoyenneté européenne et si elle suscitait encore des craintes. Guillermo Martin a évoqué les difficultés liées à la désinformation, notamment sur les réseaux sociaux, où des fausses informations ont circulé pendant les dernières élections.

Annabell Schlösser a partagé ses frustrations liées aux difficultés pratiques rencontrées à la frontière, comme le fait que le tramway s’arrête à la frontière, forçant les passagers à changer de tram.

Enfin, Anne Thévenet a insisté sur le fait que l’espace transfrontalier est un domaine particulier qui nécessite une protection partagée. Joachim Beck a conclu la journée en appelant à « rêver d’une meilleure Europe », une Europe plus unie, solidaire et inclusive.

Enfin ce séminaire n’aurait pas pu se faire sans l’amitié entre l’Europe et le Japon et également sans la société civile.

Séminaire du 24 janvier 2025 : Frontières, Identité Européenne et Gouvernance Multi-niveaux

Le deuxième jour a approfondi les enjeux liés à la gestion des frontières, à la gouvernance européenne et à l’identité européenne, tout en abordant des problématiques juridiques complexes.

Pierrick Bruyas : Les Obstacles Linguistiques et Économiques à la Coopération

Pierrick Bruyas a ouvert la journée en abordant les obstacles linguistiques et économiques qui compliquent les relations entre les pays de l’UE. Il a souligné que la diversité linguistique et les disparités économiques nécessitent une meilleure coordination pour faciliter la coopération et la communication transfrontalière.

Frédérique Berrod : Les Frontières Sanitaires et la Pandémie

Frédérique Berrod a traité des changements induits par la pandémie de COVID-19, notamment la fermeture des frontières internes de l’UE pour des raisons sanitaires. Elle a expliqué comment ces nouvelles « frontières sanitaires » ont été gérées par des contrôles policiers et sanitaires, et a plaidé pour que les autorités sanitaires, et non la police, prennent en charge la gestion de ces frontières.

Peggy Ducoulombier : Les Cas Juridiques de la Citoyenneté Européenne

Peggy Ducoulombier a présenté plusieurs cas de jurisprudence où la citoyenneté européenne a été mise à l’épreuve, notamment en matière de naturalisation. Elle a discuté de la manière dont certains pays de l’UE ont refusé de reconnaître des droits en raison de l’activité politique ou associative des individus, en citant des exemples de décisions juridiques de la Cour européenne de justice.

Julie Rondu : Participation des Non-Citoyens aux Élections Nationales

Julie Rondu a soulevé la question de la participation des non-citoyens aux élections nationales, un sujet sensible en matière d’identité nationale. Elle a interrogé la possibilité d’élargir les droits de vote aux citoyens européens non nationaux, tout en abordant les implications pour la souveraineté et l’identité des États membres.

Machteld Venken : Les Frontières et les Contrôles Transfrontaliers

Machteld Venken a pris l’exemple de la frontière entre l’Italie et la Slovénie pour illustrer les tensions liées aux contrôles transfrontaliers. Elle a montré comment certains pays, comme la Slovénie, ont cherché à renforcer les contrôles aux frontières, malgré les principes de libre circulation de l’UE. Cette dynamique a été abordée sous l’angle de la gouvernance des frontières et des défis liés à la globalisation.

Anca Ailincai : Le Conseil de l’Europe et la Citoyenneté Européenne

Anca Ailincai a souligné le rôle du Conseil de l’Europe dans la définition de la citoyenneté européenne. Bien que distinct de l’UE, le Conseil de l’Europe contribue à la promotion des droits fondamentaux et à la libre circulation des citoyens. Elle a évoqué la création d’une identité européenne fondée sur la liberté de mouvement et la démocratie, bien qu’elle ait admis que cette identité est encore en développement.

Michael Frey : Promouvoir une Vision Large de la Citoyenneté Européenne

Michael Frey a posé la question essentielle de la manière de promouvoir une vision plus large de la citoyenneté européenne. Il a insisté sur l’importance d’encourager une participation active des citoyens dans le processus décisionnel, tout en reconnaissant la diversité des identités nationales et régionales au sein de l’UE.

Noriko Suzuki : L’Europe au-delà de l’UE

Noriko Suzuki a conclu les séminaires en rappelant que l’Union européenne n’est qu’une partie de l’Europe. Elle a insisté sur la nécessité de repenser la citoyenneté européenne dans une perspective plus globale, en incluant des pays non membres de l’UE comme le Japon. Cette réflexion pourrait enrichir la compréhension mutuelle et favoriser des échanges interculturels plus profonds.


Conclusion : Vers une Citoyenneté Européenne Plus Inclusive et Partagée

Les séminaires des 23 et 24 janvier 2025 ont permis de souligner les nombreux défis qui accompagnent la construction de la citoyenneté européenne, notamment en ce qui concerne les frontières, la mobilité et la gouvernance. Les échanges ont montré la nécessité de repenser certaines pratiques et de renforcer la solidarité entre les citoyens européens. En développant une vision plus inclusive et en favorisant la participation active de tous, l’UE pourra avancer vers une véritable citoyenneté européenne, respectueuse des diversités et des droits fondamentaux.

Bien sûr encore une fois, cet événement ne serait pas le même sans la participation de la société civile. Nous les remercions donc.

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